NOTEBOOKS: CIRCUMSTANTIAL EVIDENCE
Bruce Thurman’s series of notebooks inhabit a world of storyboards and popular trash fiction. Thurman has crafted imaginary dossiers and archives, complete with binder rings, serving as evidence in the artist’s personal film noir. Each opened notebook reveals two randomly selected pages, containing quick sketches, magazine illustrations, personal notes, scribbled checklists, glossy portraits…the remains of an investigator’s day.
This is a world of foxes and hounds, of high-heels and gumshoes in which the most benign object could be crucial. Lipstick cases, whisky glasses, a matchbook cover, and dirty ashtrays…the parody of an unreleased B thriller. Yellow dominates: Dick Tracy’s trench coat, the yellow legal pad-sheets, characters caught under the glare of a mercury-vapor arc lamp. Taken separately, these paintings could be seen as the individual chapters of a book. When grouped, they invite the viewer to a multi-layered experience of pictorial storytelling and mystery solving.
Ida KUMMER, 2004
CARNETS : PIÈCES À CONVICTION / CONVICTION EN PIÈCES
Bruce Thurman a façonné d’originaux carnets, proches des story-boards ou des romans-photos.
Ces pages de bois peintes, provenant tout droit d’ archives imaginaires sont reliées par de gros anneaux de classeur. Elles constituent un assemblage de pièces à conviction réunies pour l’éventuelle reconstitution du roman noir de l’artiste.
La co-présence des deux pages choisies pour chaque carnet semble laissée au hasard du mélange des genres: notes griffonnées, illustrations peintes à l’emporte-pièce, portraits finement léchés, instantanés,listes aide-mémoire, portraits-robot se mêlent pour former un album de pistes vraies et fausses.
Ici, des carnassières traquées côtoient ou fuient d’hypothétiques détectives; là, des empreintes digitales sont juxtaposées aux sandwichs entamés, aux cendriers pleins ou aux verres de whisky hyper-réalistes. L’ensemble parodie un univers de films de série B dont la narration serait volontairement déconstruite. Le jaune “Dick Tracy” domine: pages jaunes des blocs-notes américains mais aussi jaune du flash immobilisant les personnages et les objets, pris sur le vif dans une lumière plate et inquiétante. Les regarde-t on séparément ? Les carnets font alors penser à des dioramas, chacun contenant sa propre vérité. Ils peuvent également être appréhendés par groupes de plusieurs; dans cette hypothèse, ils deviennent autant de mini-écrans, montrant chacun un film fixe différent et invitant l’oeil à une polyphonie d’archives et d’énigmes à résoudre.
Ida KUMMER, 2004